Vous le savez, on s’habitue à tout : aux drames, aux souffrances diverses et variées que la vie nous amène, à ce qu’on entend des malheurs des autres et même à accepter la fin de notre monde.
Parfois nous arrivons à nous offrir des plages de bonheur avec des étincelles de joie et de plaisir auxquels nous aimerions nous habituer davantage.
Seulement, hé oui, même ce bonheur s’il dure un peu trop, finit par devenir ennui, voire une servitude et nous replongeons alors dans cette question qui nous hante : c’est quoi le sens de ma vie.
Certaines souffrances viennent de l’extérieur, un aimé qui meurt, une poutre qui nous tombe sur le pied, la guerre…
D’autres nous concernent, elles viennent du plus profond de nous-mêmes : une sensation de manque, un sentiment d’inadéquation à la vie, un dégoût de nous-mêmes.
Qu’elles viennent du dehors ou du dedans, les artifices pour éloigner cette douleur sont les mêmes : de la cigarette à la boisson, du travail de forçat aux médicaments, du sexe frénétique aux drogues, tout est bon pour éloigner ne fusse que le temps de goûter à une cerise ce vide ou ce trop plein qui nous dévaste.
Parfois, notre corps adopte instinctivement, la dissociation, ce moment d’absence dans notre enveloppe corporelle, une absence à ce qui nous arrive d’atroce. Le mécanisme de la dissociation mis en place, on peut même oublier ce qui nous est arrivé, en apparence seulement, car notre corps et notre psyché se chargeront tôt ou tard de nous le rappeler.
En parler, partager sa douleur peut modifier radicalement la donne. En parlant à qui sait nous écouter, efface la honte grâce à l’écoute bienveillante, grâce au partage du secret et transforme le mal en guérison.
Car derrière « qu’est-ce que ma vie », il n’y a fondamentalement pas de réponse, seulement une énorme liberté d’en faire ce que nous essayons et réussissons ou échouons à faire.
Alors ensuite, quoi faire, quoi décider, quelles solutions avez-vous pour moi me demanderez- vous ?
Ce partage qui se tisse, à travers les paroles, les regards, la gestuelle entre un thérapeute et la personne qui traverse une difficulté conduit cette personne à se rapprocher au plus près d’elle-même, à retrouver une direction, un sens qui sera définitif ou peut-être momentané car d’autres événements, d’autres écueils ou réussites forgeront à nouveau le chemin.
La recherche d’un juste équilibre entre moi et les autres, entre moi et la partie de ma vie où je n’ai pas pu, pas su me protéger ni protéger d’autres, et la capacité de résilience sont sans doute les meilleures réponses à ce que nous vivons. Accepter ce que nous ne pourrons plus changer, changer ce que nous pouvons modifier et se rapprocher de ce que nous souhaitons réellement pour nous-mêmes et pour notre entourage.